Gratitude quotidienne pour la directrice adjointe du Tournesol
Pour Aude Pelote, accompagner les élèves et l'équipe de l'école spécialisée Le Tournesol en tant que directrice adjointe est un immense privilège.
Nous l'avons rencontrée pour découvrir ce qui l'a amenée à faire le saut de l'enseignement vers la gestion scolaire et ce qui la fait vibrer dans cet établissement qui accueille des élèves vivant avec une déficience intellectuelle, avec ou sans trouble du spectre de l'autisme (TSA).
Pourquoi avez-vous choisi d'enseigner au CSSPI?
Je suis née dans un petit village en France et j'ai fait mes études à Sherbrooke, alors m'imaginer enseigner dans une ville comme Montréal n'était pas envisageable, j'avais peur de l'inconnu! Malheureusement, je ne trouvais pas de poste intéressant près de chez moi sur la Rive-Nord, alors quand une amie m'a suggéré le CSSPI, je suis allée porter mon CV. J'ai été soufflée dès mon arrivée : on m'a accueillie à bras ouverts, on m'a demandé le niveau dans lequel je voulais enseigner. Dès le lendemain, j'obtenais un remplacement d'un an à l'école Alphonse-Pesant.
Mes craintes se sont évanouies quand j'ai fait la connaissance de la clientèle du CSSPI. Ces élèves issus de milieux défavorisés et multiethniques m'ont vraiment touchée. J'ai rapidement su que j'avais trouvé ma place et j'ai ainsi pu me développer dans un contexte stimulant et bienveillant.
Pourquoi avez-vous choisi de faire le saut vers le métier de direction?
À la fin de mon entrevue pour le contrat à Alphonse-Pesant, le directeur m'a dit : « Toi, un jour, tu seras directrice ». J'en étais à ma deuxième année d'enseignement et même effleurer l'idée d'occuper un poste de gestionnaire était impensable à ce moment-là.
Puis, après quelques années d'enseignement et un nouveau poste comme enseignante ressource, j'ai commencé à me remettre en question. Je voulais aller plus loin, influencer plus qu'une seule classe par année, je ressentais le besoin de me déployer dans un autre rôle. J'ai réfléchi et je suis allée voir une conseillère en orientation, qui m'a recommandé de faire les cours nécessaires pour devenir DAÉ. Ma directrice, Chantal Rousseau, m'a également encouragée en ce sens et a été un modèle pour moi! Je me suis donc lancée dans les cours d'été et à la rentrée suivante, j'obtenais un poste à l'école Marc-Aurèle-Fortin.
Comment s'est passé la transition vers le poste de direction adjointe d'établissement?
À ce point dans ma carrière d'enseignante, je me sentais compétente, j'étais en contrôle et experte dans mon domaine. En devenant gestionnaire, c'était comme recommencer à zéro. Ça a été une grosse adaptation, en changeant de rôle et de posture, je changeais aussi de clientèle, d'environnement, de collègues, tout en ayant à développer de nouvelles compétences. Mon sentiment d'efficacité personnelle était à son plus bas. C'était un peu déstabilisant, mais heureusement, j'ai pu compter sur le programme d'insertion professionnelle du CSSPI. Cela m'a rassurée d'avoir une structure pour me soutenir et j'ai retrouvé Chantal Rousseau, mon ancienne directrice, qui est devenue gestionnaire accompagnatrice! Je pouvais de nouveau compter sur sa grande expertise tout en échangeant avec d'autres DAÉ. Le fait de pouvoir partager et échanger m'a permis de réaliser que je n'étais pas seule à vivre ce moment d'adaptation et ça a légitimé mes émotions, mes inquiétudes et mes questionnements tout en créant un lieu sécurisant et bienveillant où l'on pouvait se déposer. Cet accompagnement exceptionnel a fait toute la différence et je suis vraiment reconnaissante envers les deux gestionnaires accompagnateurs et mes collègues.
Qu'est-ce qui vous a motivé à choisir l'école spécialisée Le Tournesol?
À Marc-Aurèle-Fortin, j'ai eu le privilège de côtoyer certains élèves ayant un TSA. J'ai ainsi découvert l'adaptation scolaire et je suis littéralement tombée en amour avec ce monde à part, avec ces élèves différents, vulnérables et si attachants. J'ai rapidement su que la suite de ma carrière devait évoluer vers un milieu spécialisé. Alors quand j'ai vu passer l'offre pour le poste de DAÉ au Tournesol, je n'ai pas hésité. J'ai commencé en 2020 et c'est réellement à ce moment que j'ai compris que j'avais fait le bon choix en devenant directrice adjointe.
Au Tournesol, nous sommes dans le ici et maintenant. Je suis pleine de gratitude au quotidien d'accompagner mon équipe et mes élèves. Je suis rarement dans mon bureau et c'est ce que j'aime. Je suis beaucoup sur le terrain, pour partager avec les professionnels, soutenir les intervenants et les enseignants afin de répondre aux besoins particuliers des élèves. Les humains qui prennent soin de ces élèves sont d'une qualité rare et je suis honorée de les accompagner. Tous ensemble, nous nous mobilisons et nous trouvons des solutions. C'est un travail d'équipe où chacun a une place importante, où chaque intervenant peut vraiment faire la différence dans le quotidien de l'élève par son expertise et ses compétences. Ce n'est pas toujours évident, car nous avons de grandes responsabilités et nos élèves ont des besoins multiples, mais c'est aussi et surtout un grand privilège.
Au Tournesol, on célèbre les petites réussites au quotidien. Par exemple, lorsqu'un élève non verbal s'exprime en utilisant la tablette pour nous dire « je veux manger » ou « je veux une pause », on réalise à quel point cela réduit son anxiété, comme il peut être apaisé d'être en mesure de communiquer. On les voit aussi se déployer de façon extraordinaire quand ils sont dans l'eau, à la piscine. Certains deviennent propres, d'autres complètent un casse-tête ou réussissent à faire de petites tâches. Ici, tous les petits pas sont de grands pas et rien n'est laissé au hasard. Plus nous amenons nos élèves à devenir autonomes et plus ils seront en mesure de s'intégrer dans la société. Pouvoir faire ce travail d'accompagnement, tout en exerçant mon leadership pédagogique et en déployant mes qualités relationnelles, entourée de cette équipe exceptionnelle me nourrit et m'amène à me dépasser quotidiennement.
